Le 22 octobre 2005, un jeune garçon de huit ans montait sur la glace du Centre Bell à Montréal pour chanter l’hymne national devant des milliers de partisans du Canadien. Ce moment, qui aurait pu passer inaperçu pour plusieurs, allait marquer un tournant irréversible dans la vie de Jérémy Gabriel.
Dans une publication récente sur Instagram, l’artiste, aujourd’hui adulte, revient sur cette soirée déterminante. Il raconte comment, grâce aux efforts conjoints de sa mère ainsi que de Robert Sirois et Réjean Houle de la Fondation des Canadiens pour l’Enfance, il a eu la chance de se produire devant la foule dans le cadre d’un match opposant les Canadiens aux Islanders de New York.
Avant le début de la rencontre,
il croise le capitaine de l’équipe, Saku Koivu, et lui adresse une
demande empreinte de naïveté et d’espoir :
« Peux-tu marquer un but
pour moi? »
Sans s’engager, Koivu lui promet de faire son possible. Et à
8 minutes et 26
secondes de la première période, le capitaine marque le
premier but du match, aidé par Alexander Perezhogin et Sheldon
Souray. Après la rencontre, Koivu remet la rondelle à Jérémy dans
le vestiaire — un geste simple, mais profondément marquant, dont le
souvenir est encore bien vivant deux décennies plus tard.
Ce soir-là, tout a
changé.
« C’est à partir de ce
soir-là que je suis devenu « le Petit Jérémy »
», écrit-il sur son compte @gabrieljeremy.
À partir de ce moment, une attention médiatique exceptionnelle s’abat sur lui. Les événements s’enchaînent : un album de Noël, une performance à Las Vegas aux côtés de Céline Dion, une prestation pour le pape à Rome, un deuxième album et une biographie publiée dans quatre pays. Son quotidien devient celui d’un enfant surchargé, pris dans un tourbillon de spectacles, d’entrevues et de projecteurs.
Mais avec cette visibilité est
venue une réalité plus dure. L’admiration s’est parfois mêlée à
l’incompréhension, à la moquerie et au mépris.
« Mon histoire a suscité
plusieurs choses chez les gens : la curiosité, la sympathie,
l’admiration mais aussi de l’incompréhension, du mépris et bien des
moqueries », confie-t-il.
Vingt ans plus tard, sans chercher à raviver les controverses, notamment la poursuite judiciaire qui a longtemps été associée à son nom, Jérémy souhaite offrir une autre lecture de son histoire.
« Je ne peux pas changer mon histoire ni la perception que les gens ont eu de tout cela à l’époque. Je ne reparlerai pas non plus de la poursuite judiciaire à laquelle mon nom est resté attaché. »
Ce qu’il veut aujourd’hui, c’est mettre en lumière ce qu’on n’a pas vu, ce qu’on a peut-être oublié ou mal compris : le cœur d’un enfant qui ne cherchait qu’à chanter et à inspirer.
« […] Derrière les relents de catholicisme, le sensationnalisme et la surmédiatisation de mon histoire, il ne se cachait qu’un petit garçon qui voulait chanter et inspirer d’autres rejetés comme lui à se réaliser pleinement. »
À travers ses mots, c’est une forme de bilan qu’il dresse, mais aussi un appel à la compréhension et à l’humanité. Il espère que ceux qui suivront un chemin semblable au sien pourront vivre leur rêve sans porter le même fardeau.
Et c’est avec une grande sincérité qu’il conclut son message :
« De tout mon cœur,
j’espère que les autres qui passeront après n’auront pas à payer
aussi cher que moi. »
Voir cette publication sur Instagram
Ce message a profondément touché sa
communauté, comme en témoignent les nombreuses réactions sur sa
publication.
Des commentaires tels que « Très touchant mon ami ❤️ », « Tu as inspiré beaucoup de personnes et tu
continues de l’être », ou encore « C’est beaucoup de poids pour des épaules d’enfant
ça, bravo pour ta résilience » montrent à quel point
Jérémy Gabriel demeure, encore aujourd’hui, une source
d’inspiration.
Source: page de Jérémy Gabriel
