Depuis le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis en janvier 2025, une tendance lourde et persistante secoue l’industrie touristique américaine : les Canadiens, autrefois visiteurs privilégiés du pays, ne semblent plus vouloir traverser la frontière. Une situation qui inquiète de plus en plus les acteurs économiques américains.
À première vue, cette baisse pourrait sembler passagère. Mais les chiffres racontent une toute autre histoire — une chute nette, continue et profonde qui pèse sur une industrie cruciale pour plusieurs régions américaines.
Une dégringolade des visites canadiennes
En 2024, les Canadiens représentaient 28 % des 72,4 millions de visiteurs étrangers aux États-Unis, faisant d’eux la plus importante clientèle touristique internationale du pays. Mais en 2025, la situation s’est dégradée rapidement.
Selon Statistique Canada, les voyages en provenance du Canada vers les États-Unis ont diminué de 24 % par avion et de 30 % par voie terrestre comparativement à l’année précédente. Il s’agit d’une neuvième baisse mensuelle consécutive.
La cause? Elle semble clairement politique. La réélection de Donald Trump a ravivé les tensions entre les deux pays, que ce soit par ses propos controversés ou ses politiques protectionnistes. Les déclarations du président voulant annexer le Canada comme 51e État, ainsi que les mesures commerciales restrictives, n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.
Une perte colossale pour l’économie touristique américaine
Les impacts économiques de cette désaffection sont majeurs. D’après le rapport d’octobre de l’Association américaine du voyage, les dépenses des visiteurs étrangers aux États-Unis devraient chuter de 3,2 % en 2025, représentant une perte estimée à 5,7 milliards de dollars américains.
Plus alarmant encore, le déficit commercial du secteur touristique — une première depuis des décennies — pourrait atteindre 70 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, renversant complètement la tendance historique d’excédent.
La professeure Usha Haley, spécialiste en gestion à l’Université d’État de Wichita, explique :
« Le tourisme est un secteur à forte intensité de main-d’œuvre. Moins de visiteurs, c’est moins d’emplois, moins d’impôts collectés et des finances publiques fragilisées. »
Elle ajoute :
« La baisse du taux d’occupation des hôtels aura un impact sur la demande de main-d’œuvre, ce qui aura un impact sur la collecte des impôts et pourrait avoir des répercussions sur les finances publiques. »
Un président qui minimise la crise
Malgré cette situation préoccupante, Donald Trump s’est montré peu alarmé. Il a affirmé que la baisse du tourisme n’était qu’un problème passager et que « la grande amitié entre les deux pays » finirait par rétablir la situation.
Or, les gestes de son administration envoient un message contradictoire. Récemment, la Maison-Blanche a rompu les négociations commerciales avec le Canada, en réaction à une publicité ontarienne critiquant ses politiques tarifaires. Trump a aussi menacé d’imposer de nouveaux droits de douane de 10 % sur les produits canadiens.
Les Canadiens votent avec leur portefeuille
De nombreux Canadiens
affirment ouvertement qu’ils refusent désormais de soutenir
l’économie américaine.
Rena Hans, une
résidente de Toronto qui possède un appartement en Floride, fait
partie de ceux qui ont décidé de tourner le dos aux États-Unis
:
« Pourquoi donnerais-je de l’argent à un pays dont le président a déclaré vouloir annexer le mien et a mis en place d’importantes barrières commerciales ? »
« Je ne peux pas voter [aux États-Unis], mais je peux voter avec mon argent. »
Elle a choisi d’aller au Costa Rica et aux îles Turques-et-Caïques, et prévoit même de passer une partie de l’hiver en Chine et à Taïwan, en guise de protestation.
Un sondage Angus Reid, réalisé en octobre auprès de 1 067 Canadiens, confirme que 70 % des répondants ne se sentent pas à l’aise à l’idée de voyager aux États-Unis cet hiver. Parmi les raisons citées : le climat politique, la solidarité nationale et la sécurité renforcée aux frontières.
Une nouvelle mesure frontalière mal accueillie
Depuis avril 2025, un nouveau règlement impose à tout visiteur canadien séjournant plus de 29 jours aux États-Unis de s’enregistrer auprès du département de la Sécurité intérieure. Cette démarche comprend la prise d’empreintes digitales, une photo, et des frais de 30 $ US, même pour les retraités « snowbirds » qui allaient habituellement passer l’hiver en Floride.
Pour Rena Hans, cette exigence est absurde :
« Faire ça pour des gens de plus de 60 ans qui dépensent une fortune pour aller en Floride pendant trois mois… c’est ridicule. »
L’administration Trump justifie cette décision par des mesures visant à renforcer la sécurité intérieure.
Une industrie en mode survie
Face à cette crise, certaines régions américaines tentent de garder espoir et d’attirer les Canadiens restants. Des campagnes spéciales ont été lancées par des villes proches de la frontière, comme Buffalo, Seattle ou Kalispell au Montana.
À Kalispell, où la clientèle canadienne a chuté de 40 %, un programme spécial baptisé « passeport Bienvenue aux Canadiens » offre des rabais importants sur l’hébergement et les restaurants.
Bryce Baker, directeur de l’hôtel My Place, souligne :
« Je vois ça comme une façon d’aider et de remercier les personnes qui continuent de venir […] Nous voulons nous assurer qu’elles comprennent à quel point nous les apprécions. »
Une solution à l’horizon?
Malgré tout, l’industrie touristique américaine mise sur deux grands événements pour espérer renverser la vapeur : la Coupe du monde de la FIFA en 2026 et le 250ᵉ anniversaire de l’indépendance américaine. Ces célébrations pourraient relancer l’intérêt international — à condition, bien sûr, que les tensions politiques s’apaisent d’ici là.
Mais pour l’instant, la plus importante clientèle touristique des États-Unis semble bel et bien s’être détournée du pays, et rien n’indique qu’elle reviendra de sitôt.
Source: Radio-Canada
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