Dans les années 50, un filtre de cigarette censé protéger contenait en réalité de l’amiante

Au début des années 1950, une inquiétude commence à s’installer dans l’esprit du public : le tabac pourrait être lié au cancer du poumon. Les études sont encore floues, les preuves incomplètes, mais une chose est certaine : la peur s’invite peu à peu dans les foyers.
Face à cette crainte grandissante, les fabricants de cigarettes cherchent une solution. Une réponse rapide, rassurante… et surtout vendable.
C’est dans ce contexte qu’une grande marque va lancer ce qui semble, à l’époque, être une avancée majeure.
Une innovation censée rassurer les fumeurs
En 1952, la marque
Kent introduit une
nouvelle cigarette dotée d’un filtre révolutionnaire : le
filtre
Micronite.
La promesse est simple et puissante : réduire les substances dangereuses inhalées par les
fumeurs.
Dans les publicités, le message est clair. Ce filtre est présenté comme une barrière protectrice, un progrès scientifique, presque un gage de sécurité. Pour beaucoup, fumer devient soudainement « moins risqué ».
Mais ce que les consommateurs ignorent totalement, c’est la nature réelle de ce filtre.
Ce que contenait vraiment le filtre Micronite
Le filtre Micronite était fabriqué à partir d’un matériau aujourd’hui tristement célèbre : l’amiante.
Plus précisément, il contenait des fibres d’amiante crocidolite, aussi appelée amiante bleue. Il s’agit de l’une des formes les plus dangereuses et cancérigènes jamais utilisées industriellement.
À l’époque, l’amiante est encore largement employée : dans les bâtiments, les textiles, l’isolation… et même dans certains produits du quotidien. Les risques existent déjà dans le milieu scientifique, mais ils sont peu connus du grand public et largement sous-estimés.
Le problème, c’est que ces fibres microscopiques, une fois inhalées, ne se dégradent pas et ne s’éliminent presque pas des poumons.
Une protection qui exposait davantage
Ironie tragique : en tirant sur leur cigarette, les fumeurs aspiraient directement de minuscules fibres d’amiante à travers le filtre censé les protéger.
Ces fibres pouvaient se loger profondément dans les poumons, parfois pour toute une vie. À long terme, elles augmentaient considérablement le risque de maladies graves comme :
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le cancer du poumon
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l’asbestose
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le mésothéliome, un cancer rare et agressif
Le filtre Micronite est resté sur le marché près de quatre ans, jusqu’au milieu des années 1950, avant d’être discrètement retiré.
Aucune annonce choc. Aucun aveu public retentissant.
Des conséquences révélées des décennies plus tard
Ce n’est que bien plus tard, des dizaines d’années après, que les effets commencent à apparaître. Des anciens fumeurs de Kent développent des maladies liées à l’amiante. Des enquêtes sont menées. Des poursuites judiciaires voient le jour.
Le lien entre ces maladies et les filtres Micronite finit par être établi. Pour beaucoup, le diagnostic tombe comme une double peine : le tabac et l’amiante.
Ce qui devait réduire les risques les avait, en réalité, multipliés.
Un rappel brutal des dérives du passé
Aujourd’hui, cette histoire
est souvent citée comme l’un des exemples les plus frappants des
dérives de l’industrie du tabac au XXe siècle.
Elle illustre aussi une époque où la confiance envers certaines
innovations dépassait largement la compréhension réelle de leurs
effets.
Un filtre présenté comme une
avancée scientifique…
Un matériau alors banalisé…
Et des conséquences irréversibles pour des milliers de
personnes.
Un rappel glaçant que « nouveau » ne signifie pas toujours « sécuritaire ».


