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Santé Canada arrive avec une nouvelle obligation dès janvier
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Santé Canada arrive avec une nouvelle obligation dès janvier

ChatGPT Image 30 dec. 2025 11 58 24 Santé Canada arrive avec une nouvelle obligation dès janvier

L’annonce est passée presque inaperçue pour certains, mais elle commence déjà à se matérialiser dans les allées d’épicerie. Dès janvier, un nouveau symbole fera son apparition sur une foule de produits transformés au Canada. Une mesure officielle, attendue depuis longtemps, qui suscite autant d’espoirs que de doutes.

Dans les faits, plusieurs consommateurs ont déjà croisé cette étiquette austère sur certains emballages, sans trop savoir ce qu’elle signifie réellement. Pourtant, ce changement touche directement ce que des millions de Canadiens mettent chaque semaine dans leur panier.

Il faut dire que le débat ne date pas d’hier. Depuis des années, les experts en nutrition réclament plus de transparence sur la composition des aliments transformés. Selon une étude publiée par l’Université Laval en mai dernier, près de 60 % des aliments transformés les plus vendus au Québec afficheront ce nouveau symbole dès le Nouvel An, à moins que leur recette n’ait été modifiée.

Finalement, la nouvelle est claire : à compter du 1er janvier 2026, tous les produits transformés vendus au Canada dont la teneur en sucre, en sodium ou en gras saturés dépasse les normes recommandées devront afficher un logo bien visible sur leur emballage.

Pour la nutritionniste, autrice et conférencière Stéphanie Côté, l’intention de Santé Canada est louable, mais les effets pourraient être limités.

«On ne se fera pas d’accroires: ça ne va pas devenir un critère décisif pour tout le monde. Le coût est le facteur déterminant pour la majorité des gens. Mais ce nouvel affichage peut aider les gens à comparer deux produits similaires dans une même catégorie et dans une même fourchette de prix.»

Derrière cette obligation, Santé Canada poursuit un double objectif. D’une part, inciter les consommateurs à réduire l’achat d’aliments associés à des risques pour la santé. D’autre part, pousser les fabricants à revoir leurs recettes pour éviter d’apposer un symbole perçu comme négatif.

Mais la mesure comporte aussi ses zones grises. Stéphanie Côté met en garde contre le «nutriblanchiment», une stratégie marketing trompeuse.

«Certains fabricants pourraient décider d’utiliser des édulcorants, plutôt que du sucre, pour ne pas avoir à afficher l’étiquette. Ça ne rend pas l’aliment meilleur pour la santé.»

Selon elle, l’étiquette doit surtout agir comme un signal d’alarme au moment de passer à la caisse.

«Si on se rend compte que la majorité des aliments qu’on a dans notre panier affiche cette étiquette, on peut se remettre en question.»

Elle rappelle aussi qu’un produit sans logo n’est pas automatiquement un meilleur choix. Certains aliments plus riches en sucre ou en gras peuvent contenir des fibres, des protéines ou des vitamines absentes de produits qui respectent tout juste les seuils imposés.

«Il faut regarder l’aliment dans son ensemble. Est-ce qu’il comprend des fibres, des protéines, des vitamines? Il ne faut pas prendre ce logo pour du cash et catégoriser les aliments en “bon” ou “mauvais”.»

Pour la suite, la nutritionniste estime que cette obligation ne suffira pas à elle seule à changer les habitudes alimentaires, surtout dans un contexte où le prix du panier d’épicerie continue de grimper.

«C’est une chose, l’éducation, mais on ne peut pas juste taper sur les doigts du consommateur et lui montrer quels aliments moins consommer. D’un point de vue politique, il y a encore du travail à faire pour faciliter l’accès aux aliments sains.»

Une chose est certaine : dès janvier, ce petit symbole risque de devenir un rappel quotidien… et un nouveau sujet de réflexion devant les tablettes.

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