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Accusations de pratiques anticoncurrentielles : action collective contre des pharmaciens
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Accusations de pratiques anticoncurrentielles : action collective contre des pharmaciens

Sophie Demers
pexels polina tankilevitch 3735782 scaled e1718370968749 Accusations de pratiques anticoncurrentielles : action collective contre des pharmaciens

L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires a initié une action collective contre dix de ses membres, les accusant de se livrer à des « pratiques anticoncurrentielles ».

Cette action vise dix pharmaciens propriétaires de six pharmacies différentes, ainsi que trois gestionnaires de programmes de soutien aux patients et trois cliniques de perfusion. L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) argue que ces entités compromettent l’intégrité du réseau de pharmacies en monopolisant 40 % de la distribution des médicaments spécialisés, violant ainsi la législation et le droit des patients de choisir leur pharmacie librement, selon Benoit Morin, président de l’association. L’AQPP affirme que ces pharmaciens ont mis en place un réseau opaque, en collaboration avec des gestionnaires de programmes de soutien aux patients et des cliniques de perfusion, pour attirer des patients nécessitant des médicaments spécialisés.

Ces Programmes de Soutien aux Patients (PSP), financés par l’industrie pharmaceutique, offrent un accompagnement hors du réseau public de santé et orientent les patients vers des pharmacies spécifiques, fragmentant ainsi leurs dossiers médicaux et compliquant leur suivi. Benoit Morin met en lumière comment ces pratiques mettent sous pression des patients vulnérables, en laissant souvent entendre que leur pharmacien local manque de compétences nécessaires.

pexels karolina grabowska 4046996 scaled Accusations de pratiques anticoncurrentielles : action collective contre des pharmaciens

De plus, ces établissements sont fréquemment situés loin des patients, les obligeant à effectuer de longs déplacements pour obtenir leurs médicaments. Par exemple, des patients résidant au Saguenay doivent se rendre à Montréal. Plusieurs des pharmaciens impliqués dans ces pratiques ont déjà été sanctionnés par leur ordre professionnel, y compris Martin Gilbert, Daniel Vermette, Marc Chabot et Jérôme Bergeron. Michael Assaraf a été radié pour un an en 2020 pour avoir signé des ordonnances sans les vérifier.

Des sociétés telles qu’Innomar Strategies, Bayshore, Bioscript et Coverdale Infusion, qui gèrent des PSP et des cliniques de perfusion, sont aussi impliquées. Gabriel Torani, propriétaire des pharmacies Torani et Haddad, rejette les accusations de l’AQPP, arguant qu’elles sont motivées par des intérêts financiers. Le Regroupement des pharmacies de médicaments de spécialité du Québec (RPMSQ) soutient cette perspective, estimant que l’action vise davantage à protéger un modèle d’affaires qu’à défendre les intérêts des patients.

Benoit Morin souligne l’importance de prévenir la monopolisation du marché des médicaments spécialisés, utilisés pour traiter des maladies graves et concernant environ 80 000 patients au Québec, par un petit nombre de pharmacies. Ces six pharmacies, qui représentent moins de 0,5 % des pharmacies de la province, contrôlent plus de 40 % de la distribution de ces médicaments, dans un marché estimé à près de 1,5 milliard de dollars annuellement. L’AQPP a déposé plus de 40 plaintes auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec et informé le ministre de la Santé, sans observer de changement notable. L’Ordre des pharmaciens du Québec partage ces préoccupations, mais s’abstient de commenter sur l’affaire afin de ne pas interférer avec le processus judiciaire en cours.

Source: Pigeonqc – Radio Canada

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