« Elle disait qu’elle était en train de mourir » : battue par son ex, cette mère de famille meurt seule après 9 appels au 18

C’est un drame insoutenable qui secoue Martigues et soulève une
question terrifiante : comment une femme battue a-t-elle pu
mourir seule après avoir appelé neuf fois les secours sans qu’aucun
ne revienne ?
Le 12 août 2025, Sylvia, 43 ans, mère de deux
enfants, a succombé dans son appartement, victime d’un terrible
enchaînement de violences et de négligences.
Tout commence lorsque Samir M., l’ex-compagnon de Sylvia, se présente chez elle. Une dispute éclate, suivie d’une violente agression. Rouée de coups, la quadragénaire parvient à composer le 18 pour alerter les secours.
Les pompiers et la police se rendent sur place. Sylvia, encore consciente, refuse d’être hospitalisée, pensant pouvoir déposer plainte le lendemain. Une décision qu’elle ne pourra jamais mettre à exécution.
Peu après leur départ, son état se dégrade brutalement. Elle ressent des douleurs intenses au ventre et à la tête : sa rate a éclaté, provoquant une hémorragie interne. Commence alors un cauchemar de plusieurs heures.
De 22 h à 2 h du matin, Sylvia appelle neuf fois les
secours. À chaque appel, sa voix devient plus faible, ses
mots plus désespérés.
« Elle disait qu’elle se faisait dessus, qu’elle était en train de
mourir », racontera plus tard sa mère, anéantie.
Mais ses appels ne seront pas pris au sérieux. Les opérateurs du centre d’appel du 18 lui rétorquent :
« Madame, on est déjà venus, il va falloir arrêter d’appeler. »
Aucun secours ne reviendra. Sylvia s’éteindra seule, dans l’indifférence la plus totale, après quatre heures d’agonie.
Face à ce drame, une information judiciaire contre
X a été ouverte pour “non-assistance à personne en
danger”.
Les premiers éléments de l’enquête, révélés par La
Dépêche, montrent une série de défaillances
graves :
- absence de réévaluation médicale malgré les symptômes alarmants,
- communication lacunaire entre pompiers et Samu,
- et un jugement biaisé de la situation de la victime, jugée “instable” au lieu de “gravement blessée”.
Pendant ce temps, Samir M., l’ex-compagnon violent, a été mis en examen pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Pour Pierre, le père de Sylvia, la douleur est immense :
“Je savais qu’il finirait par la tuer. Mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle mourrait seule, après avoir supplié qu’on vienne l’aider.”
Sa famille réclame aujourd’hui justice et vérité, dénonçant un système qui “ne protège pas les victimes, même quand elles crient au secours”.
À quelques mois de la fin de l’année, ce drame vient rappeler
une réalité glaçante : en France, une femme meurt tous les
trois jours sous les coups de son compagnon ou
ex-compagnon.
Mais dans le cas de Sylvia, ce n’est pas seulement la violence d’un
homme qui l’a tuée — c’est aussi le silence d’un
système qui n’a pas voulu entendre une femme dire :
“Je suis en train de mourir.”



