La bière canadienne, nouvelle cible des tarifs douaniers de Donald Trump ?


La guerre commerciale entre les États-Unis et leurs partenaires continue de faire des vagues, et cette fois, la bière canadienne pourrait en faire les frais. Une situation qui inquiète particulièrement les artisans-brasseurs du pays, dont plusieurs dépendent d’importations de matériaux cruciaux pour l’embouteillage de leurs produits.
Particulièrement populaire dans l’industrie, la canette de 473 ml est au centre du tumulte. Bien que l’aluminium soit produit au Canada, la transformation de celui-ci se fait presque exclusivement aux États-Unis. Cela implique un aller-retour coûteux : l’aluminium est exporté, transformé, puis réimporté — désormais alourdi par les droits de douane américains.
Résultat : les coûts de production explosent pour les microbrasseries, déjà fragilisées par des marges serrées et une forte concurrence.
Matt Johnston, fondateur de la microbrasserie ontarienne Collective Arts, s’est exprimé auprès de Radio-Canada :
« Nous pensons que ces tarifs sont ridicules et n’aident pas l’économie ou les entreprises qui en font partie. »
Il confie que 15 % de ses ventes se font déjà aux États-Unis, et que l’idée de déménager une partie de la production de l’autre côté de la frontière est à l’étude — bien que ce serait « à contrecœur », précise-t-il.
Même constat pour Steam Whistle, à Toronto. Sa présidente Bromlyn Bethune estime que les coûts additionnels liés aux canettes importées s’élèvent à près d’un million de dollars par an.
« Rehausser les prix serait la solution facile, mais ce n’est pas notre choix », affirme-t-elle.
Les brasseurs étudient également la possibilité de produire davantage localement, ou d’ouvrir leurs lignes de production à d’autres microbrasseries pour répartir les coûts.
Mais certains ingrédients, comme le houblon, posent problème.
« Nos clients veulent des profils de goût bien précis, et ces variétés viennent souvent de l’étranger », note Johnston.
Selon l’association Bière Canada, le ministère des Finances a confirmé que la surtaxe de 25 % imposée par les États-Unis ne s’appliquerait qu’à la valeur de la canette elle-même, et non à l’ensemble du produit. Mais pour les brasseurs, cela reste une mauvaise nouvelle dans un marché déjà complexe.