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Les propos d’une patiente à l’urgence au Québec déclenchent une vague de colère
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Les propos d’une patiente à l’urgence au Québec déclenchent une vague de colère

602464 Les propos d’une patiente à l’urgence au Québec déclenchent une vague de colère

Depuis quelques jours, la vidéo d’Andrée-Anne Bolduc, technicienne en documentation à l’UQAT, fait le tour des réseaux sociaux et sème la colère dans la sphère publique québécoise. Venue à l’urgence avec son fils blessé, elle dénonce huit heures d’attente et expose, sans filtre, les propos entendus dans la salle d’attente. Mais derrière l’indignation affichée, que révèle vraiment cette séquence virale sur les enjeux du système de santé et sur la stratégie de communication des protagonistes ?

Andrée-Anne Bolduc raconte avoir attendu huit heures à l’urgence avec son fils, victime d’une chute à vélo nécessitant des points de suture. Ce qui la choque, ce ne sont pas seulement les délais, mais surtout les propos d’une autre patiente venue « vérifier si elle avait une bronchite ». La vidéo, publiée sur TikTok, met en scène une colère authentique, mais la viralité du contenu pose une question dérangeante : cette indignation est-elle vraiment spontanée ou relève-t-elle d’une stratégie bien rodée pour attirer l’attention sur les failles du système ?

La séquence, relayée massivement, expose des réactions tranchées. « Je l’ai toujours dit, le plus grand problème de notre système de santé c’est qu’il est gratuit… Juste 10$ la visite ça va régler ben des affaires », affirme un internaute. Derrière cette proposition choc, difficile de ne pas voir un calcul politique : faire passer le débat sur la gratuité du système, alors que la question de l’accès et de la gestion des urgences reste le vrai nœud du problème.

Les commentaires sous la publication d’Andrée-Anne Bolduc s’enchaînent, révélant une colère collective, mais aussi une forme de défouloir. « J’ai travaillé 17 ans à l’urgence…. c’est monnaie courante », témoigne une ancienne employée. Ces interventions, loin d’être isolées, semblent orchestrées pour appuyer un discours de ras-le-bol généralisé.

D’autres vont plus loin, pointant du doigt les consultations jugées non essentielles. « C’est pour ça que le personnel est si enragé des fois ! Les consultations pour rien ça gruge ! 5$ pour le triage et 25$ pour l’ambulance, ça ferait un ménage certainement », suggère un commentateur. Derrière la revendication, une stratégie de communication bien huilée qui vise à déplacer le débat du manque de ressources vers la responsabilité individuelle des patients.

La vidéo expose une situation complexe où s’entremêlent frustrations et contradictions. « Si elle n’a pas de médecin de famille, ça lui tentait pas d’appeler le GAP pour qu’on lui donne un rendez-vous ailleurs au lieu d’encombrer les urgences ? », s’interroge un internaute, soulevant la question cruciale de l’accès aux soins de première ligne.

La colère du personnel, souvent mise en avant, cache mal les contradictions internes. Les urgences sont saturées, mais la solution proposée reste la tarification, jamais la refonte du modèle ou l’augmentation des ressources. Les non-dits sont flagrants : à qui profite vraiment cette indignation publique ? Aux patients, au personnel, ou à ceux qui veulent faire passer une réforme sous couvert de ras-le-bol collectif ?

La viralité de la vidéo n’est pas un simple hasard. Dans un contexte où chaque témoignage devient un levier d’influence, la stratégie est claire : utiliser l’émotion pour imposer un agenda. Les réactions, loin d’être spontanées, s’inscrivent dans une logique de polarisation du débat où les vrais enjeux structurels sont souvent occultés au profit de solutions simplistes.

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