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Pierre-Yves McSween tranche sur le salaire des médecins : un modèle à réformer, mais sans casser le système
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Pierre-Yves McSween tranche sur le salaire des médecins : un modèle à réformer, mais sans casser le système

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Capture decran 2025 11 01 073923 Pierre-Yves McSween tranche sur le salaire des médecins : un modèle à réformer, mais sans casser le système

L’économiste Pierre-Yves McSween n’a pas la langue dans sa poche — et encore moins quand il s’agit de parler d’argent public. Invité sur les ondes de Radio-Canada, il a livré une analyse franche et nuancée de la nouvelle Loi 2, qui redéfinit le mode de rémunération des médecins au Québec.

Pierre-Yves McSween rappelle que les médecins ne sont pas des employés de l’État, mais des travailleurs autonomes. Leur rémunération actuelle repose sur :

  • La capitation : un montant fixe par patient (entre 8 $ et 164 $, selon le profil de santé).
  • Le paiement à l’acte : de 3 $ à 17 $ par intervention.
  • Un taux horaire moyen estimé à 26 $.

Un système à plusieurs vitesses, censé refléter la diversité des soins et le temps réel consacré à chaque patient.

La Loi 2 prévoit notamment de verser les primes administratives directement aux groupes de médecine familiale (GMF) plutôt qu’aux médecins. Cette modification pourrait réduire la part individuelle des médecins, et plusieurs professionnels y voient une perte d’autonomie et un affaiblissement de leur rentabilité.

McSween note que cette reconfiguration soulève de vives inquiétudes, notamment dans les spécialités comme la cardiologie, où des baisses de 40 % de rémunération sont évoquées.

L’économiste alerte aussi sur un effet secondaire dangereux : certains actes techniques mais peu rémunérés pourraient être tout simplement délaissés, mettant à mal l’accessibilité de certains soins.

Il s’inquiète en particulier de la baisse de rémunération pour les premières consultations, souvent longues et complexes, mais moins bien rémunérées que les suivis réguliers.

McSween souligne le manque de transparence dans l’application de la réforme. Il propose la création d’un simulateur personnalisé pour que chaque médecin puisse voir concrètement l’impact des nouvelles règles sur sa pratique et ses revenus.

S’il reconnaît que les médecins québécois sont bien rémunérés, McSween insiste sur la complexité de leur modèle d’affaires et la nécessité de réformes équilibrées. Selon lui, le gouvernement devrait mieux communiquer, et surtout écouter davantage, afin de préserver la qualité des soins et le moral des troupes médicales.

« On ne peut pas simplement baisser les salaires à coups de hache et espérer que tout continue comme avant », résume-t-il.

 

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