Procès du Dr Bernard Senet : quand l’aide à mourir relance le débat en France

Le 15 septembre 2025, au tribunal judiciaire de Paris, s’est ouvert un procès hors du commun qui bouleverse autant le monde médical que l’opinion publique. Bernard Senet, médecin retraité et militant de longue date pour le droit à mourir dans la dignité, comparaît aux côtés de onze autres prévenus.
À 75 ans, Bernard Senet n’a jamais caché son combat. Ancien praticien, il a reconnu avoir aidé environ soixante patients à mettre fin à leurs souffrances. Son implication auprès de l’association Ultime Liberté, qui milite pour que chacun puisse choisir sa fin de vie, en fait aujourd’hui une figure centrale du mouvement en France.
La justice l’accuse de complicité d’importation de Pentobarbital, une substance létale interdite en France mais autorisée dans certains pays pratiquant l’euthanasie, comme la Suisse ou la Belgique. Les faits reprochés couvrent la période d’août 2018 à novembre 2020.
Bernard Senet, médecin jugé pour avoir aidé certains de ses patients à mourir :
“Ce que je fais, c’est comme si j’étais dans un cadre belge”, explique-t-il dans #CàVous pic.twitter.com/2nptfjIDH3
— C à vous (@cavousf5) September 15, 2025
Pour ces accusations, Bernard Senet encourt jusqu’à 10 ans de prison et 375 000 € d’amende. Pourtant, loin d’être abattu, il dit aborder ce procès avec sérénité :
« Je vis bien l’arrivée du procès, parce que la condamnation ne devrait pas être très lourde. J’en attends surtout beaucoup de la médiatisation », a-t-il confié à France 3.
Pour son avocat, Me Arnaud Lévy-Soussan, il s’agit moins d’un procès criminel que d’un procès politique et éthique, qui pourrait faire évoluer la loi française.
Bernard Senet insiste sur les inégalités actuelles : ceux qui souhaitent une aide à mourir doivent se rendre à l’étranger, en Suisse ou en Belgique. Une solution inaccessible pour des personnes dépendantes ou aux moyens financiers limités.
« On accompagne les gens jusqu’au bout. Et s’ils le demandent, les accompagner à mourir, par humanité et par compagnonnage médical », plaide-t-il.
Le procès, qui se tiendra jusqu’au 9 octobre, est suivi de près par les associations, médecins et citoyens favorables à une réforme. Plusieurs spécialistes — psychiatres, médecins hospitaliers et experts en soins palliatifs — ont déjà annoncé vouloir témoigner en faveur du Dr Senet.
Cette affaire pourrait marquer un tournant dans le débat
français sur la fin de vie, en posant une question
fondamentale :
👉 La société peut-elle continuer à refuser à ses citoyens le droit
de mourir dignement, quand d’autres pays voisins l’autorisent déjà
?