Scandale à Radio-Canada : les répercussions d’un congédiement injustifié


Sylvain Castonguay un cameraman reconnu pour ses compétences et apprécié de ses collègues a été confronté à de nombreux dangers en couvrant des zones de guerre. Il a échappé de peu à des explosions en Afghanistan et a subi une violente agression au Caire.
En 2013, ce caméraman a été envoyé pour ouvrir le nouveau bureau de Radio-Canada à Beyrouth, au Liban, où les tensions nationales étaient palpables. Il était accompagné de sa conjointe, la journaliste Marie-Ève Bédard.
En 2019, lorsque Radio-Canada décide de fermer le bureau de Beyrouth, Marie-Ève Bédard est transférée à Paris. Par contre, ils choisissent de ne pas conserver Sylvain Castonguay, qui pourtant œuvrait pour le média public depuis 1993.
À la fin de mai, un tribunal d’arbitrage a contraint Radio-Canada à réintégrer un caméraman de guerre, Sylvain Castonguay, après un congédiement jugé injuste. Le tribunal a également statué que l’entreprise pourrait lui devoir jusqu’à cinq ans de salaire.
La décision, qui fait suite à plusieurs années de batailles judiciaires, a été rendue en faveur de Sylvain Castonguay et du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (STTRC–CSN). Cette issue pourrait s’avérer coûteuse pour la société d’État.
La décision de Radio-Canada a engendré une longue bataille juridique impliquant le droit du travail et les impôts. Après environ quinze audiences, le dossier a été conclu par un tribunal d’arbitrage le 27 mai dernier.
L’arbitre Amal Garzouzi a sévèrement critiqué Radio-Canada pour avoir justifié son action par le fait que Sylvain Castonguay avait accepté de devenir contractuel en acceptant cette « affectation secondaire » au Liban. À l’inverse, le syndicat soutenait que ce mandat spécial ne devait pas affecter son statut de salarié permanent.
« Cinq années durant lesquelles l’individu ne connaît pas son statut, ne sait pas s’il sera réintégré, et ne perçoit pas son salaire », a déclaré Lise Millette, qui parle de « cafouillage » du côté de Radio-Canada.
Me Garzouzi a donc ordonné « la réintégration de Monsieur Castonguay à son affectation primaire ou à un poste équivalent, à partir du 1er juillet 2019, avec tous ses droits et privilèges, y compris les intérêts légaux, dans les 15 jours suivant cette décision », selon le jugement.
D’autres audiences sont prévues pour déterminer les compensations financières que Radio-Canada devra verser. Sylvain Castonguay, que nous n’avons pas réussi à contacter, a repris son travail de caméraman à Montréal le 5 juin dernier.
Source : Journal de Montréal