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Un propriétaire en Ontario propose une tente dans un sous-sol pour 650$/215€ par mois, voir l’annonce!
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Un propriétaire en Ontario propose une tente dans un sous-sol pour 650$/215€ par mois, voir l’annonce!

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En Ontario, une annonce de location a récemment fait le tour des réseaux sociaux :
pour 650 $ (environ 215 €) par mois, un propriétaire de Peterborough
propose à un locataire potentiel de vivre… dans une tente installée dans un sous-sol brut.

À première vue, le prix peut sembler attractif dans un marché locatif sous haute pression.
Mais dès qu’on regarde les détails et les photos, l’offre révèle surtout les dérives
possibles d’un marché où certains locataires, à court d’options, sont prêts à accepter
presque n’importe quoi pour un toit.

This has to be a joke right?
byu/Ordinary-Bug7143 inSlumlordsCanada

Une tente installée dans un sous-sol brut proposée à la location pour 650 $ / 215 € par mois.

Une annonce qui fait réagir tout le monde

L’annonce, repérée sur Facebook Marketplace puis relayée par le site
spécialisé blogTO et sur Reddit, décrit un « logement »
au sous-sol comprenant un canapé, une télévision… mais aucun lit.
Le dormeur est censé utiliser la tente plantée directement sur le béton.

Plus troublant encore, l’annonce précise que le logement est offert
sans accès à la cuisine ni à une salle de bain.
En clair, on paie 650 $ / 215 € par mois pour un abri de camping
à l’intérieur d’un sous-sol, sans installations sanitaires ni endroit légal
pour cuisiner.

Comme souvent avec ce type de « logement extrême », la publication
a rapidement déclenché une vague d’indignation en ligne.
Certains internautes se sont demandé s’il s’agissait d’une plaisanterie,
d’autres ont directement appelé à signaler ce genre d’annonce
aux plateformes et, au besoin, aux autorités locales.

Quand le marché locatif pousse aux solutions extrêmes

Si cette offre choque, elle ne tombe pas du ciel. Depuis plusieurs années,
le marché locatif en Ontario est sous tension. Les loyers ont fini par se stabiliser
ou même reculer légèrement, mais restent à un niveau très élevé pour la majorité
des ménages.

À titre d’exemple, le loyer moyen pour un appartement d’une chambre à Toronto
tourne encore autour de plus de 2 000 $ par mois,
malgré un léger recul sur un an. À Peterborough, la ville où se situe cette
fameuse annonce, un appartement d’une chambre se loue en moyenne autour de
1 600 à 1 700 $, tandis qu’un deux chambres
dépasse fréquemment les 1 900 $.

Dans ce contexte, un loyer à 650 $ / 215 € par mois semble presque
« miraculeux » lorsqu’on filtre les annonces par prix. C’est
précisément ce déséquilibre entre la demande et l’offre de logements abordables
qui ouvre la porte à des solutions de fortune :
chambres sans fenêtre, anciens placards transformés en pièces à vivre, lits
dans la cuisine, et désormais… tente dans un sous-sol.

Un logement loin des normes de salubrité et de sécurité

Au-delà de l’aspect choquant, cette situation soulève des questions sérieuses
sur le plan juridique et sanitaire. En Ontario,
les logements doivent respecter un ensemble de normes minimales :

  • Hauteur sous plafond minimale dans les sous-sols habités ;
  • Présence de fenêtres d’évacuation (issues de secours) en cas d’incendie ;
  • Accès à une salle de bain fonctionnelle ;
  • Accès à des installations de cuisine adéquates ;
  • Systèmes de détection de fumée et, dans certains cas, de monoxyde de carbone ;
  • Installation électrique sécuritaire et conforme aux codes du bâtiment.

Dans le cas de cette tente en sous-sol, plusieurs de ces critères semblent
clairement absents :

  • Aucun accès déclaré à une salle de bain ou une cuisine ;
  • Absence apparente de fenêtres permettant une évacuation rapide ;
  • Espace brut, non fini, avec murs et plafond exposés ;
  • Surface de sommeil ni conforme, ni adaptée à un usage permanent.

On est donc loin d’un logement « au rabais » mais légal :
on se rapproche plutôt d’une situation de logement impropre,
possiblement en violation des règles municipales et provinciales.

Indignation en ligne et humour noir

Sur Reddit et dans les commentaires, les réactions oscillent entre
colère et humour noir.

Certains s’indignent franchement : comment peut-on proposer un tel espace
à la location, surtout à ce prix ? D’autres pointent l’absurdité de la
situation en ironisant sur le fait qu’« sans cuisine, on ne mange pas,
donc pas besoin de salle de bain ».

Une constante revient toutefois : la conscience que ce type d’annonce
n’existerait pas sans un marché locatif devenu extrêmement difficile
pour les personnes aux revenus modestes
. Pour quelqu’un à bout de
ressources, l’idée de payer 650 $ / 215 € pour une tente dans un
sous-sol peut, tristement, sembler être une option à considérer.

Un signal d’alarme sur la précarité du logement

Ce cas extrême agit comme un signal d’alarme. Il montre
jusqu’où certains propriétaires sont prêts à aller pour monétiser chaque mètre
carré, et à quel point certains locataires sont vulnérables face à la
flambée des loyers.

On touche ici à la frontière entre le simple opportunisme économique et
la mise en danger de personnes précaires.
Un « logement » sans salle de bain, sans cuisine, sans lumière
naturelle, dans une tente posée sur le béton, ne devrait tout simplement
pas être considéré comme une option acceptable pour y vivre à l’année.

Cette histoire rappelle la nécessité pour :

  • Les pouvoirs publics, de renforcer les contrôles et les mécanismes de plainte ;
  • Les plateformes de petites annonces, de mieux filtrer les offres manifestement non conformes ;
  • Les locataires, de se renseigner sur leurs droits et sur les normes minimales de salubrité.

Que peut faire un locataire face à ce genre d’offre ?

Pour les personnes en recherche de logement en Ontario (ou ailleurs),
quelques réflexes de base peuvent aider à éviter de tomber dans un piège :

  • Vérifier si l’unité dispose d’un accès à une salle de bain et à une cuisine clairement défini.
  • Confirmer la présence d’issues de secours et de détecteurs de fumée / monoxyde de carbone.
  • Se méfier des prix nettement en dessous du marché si les conditions semblent floues ou douteuses.
  • Demander, au besoin, des précisions sur la conformité de l’unité au code du bâtiment.
  • En cas de doute sérieux, signaler l’annonce sur la plateforme ou auprès d’organismes de défense des locataires.

Conclusion : une tente qui en dit long

À elle seule, cette tente dans un sous-sol à 650 $ / 215 € par mois
résume un problème bien plus vaste : la difficulté croissante à trouver
un logement digne, sécuritaire et abordable dans certaines régions du Canada.

Tant que le marché restera aussi tendu et que les protections pour les
locataires les plus vulnérables resteront limitées, d’autres annonces tout
aussi extrêmes continueront d’émerger. Et derrière chaque « histoire
insolite » partagée sur les réseaux sociaux, il y a souvent une réalité
beaucoup moins drôle : celle de personnes pour qui même une tente dans
un sous-sol peut finir par sembler acceptable.

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