Une Québécoise «pète sa coche» contre les chiens sans laisse : tensions, lois et enjeux du vivre-ensemble

La viralité d’une vidéo TikTok, où Aurèle exprime son exaspération face aux propriétaires qui promènent leur chien sans laisse, cristallise un débat social brûlant au Québec : la cohabitation dans les espaces publics et le respect des règles encadrant les animaux de compagnie. Derrière l’indignation individuelle, c’est tout un contexte social, économique et culturel qui se dessine, révélant les fractures et les perspectives d’évolution d’un enjeu de société.
TikTok mentionné dans Cette TikTokeuse québécoise revient sur sa vidéo où elle reproche à un homme de ne pas avoir mis son chien en laisse
Dans sa vidéo, Aurèle n’hésite pas à interpeller directement un couple promenant leur chien sans laisse, dénonçant «un manque de respect de ne pas promener un chien en laisse»[10]. Son ton, jugé sans détour, lui vaut d’être qualifiée par certains internautes de «la nouvelle Karen du Québec»[3], une référence ironique à la figure stéréotypée de la femme qui s’indigne publiquement des incivilités.
Aurèle assume pleinement son agacement : «Aucune patience, je trouve ça irrespectueux»[1]. Elle rappelle que «c’est la loi! C’est la loi gang!»[5], soulignant que la réglementation québécoise impose la laisse dans les lieux publics, sauf dans les aires d’exercice canin ou lors d’activités autorisées[1][2][3][4]. Cette obligation vise à garantir la sécurité de tous, humains et animaux, et à favoriser une cohabitation harmonieuse[1][3].
La question de la laisse dépasse la simple courtoisie : «On ne prend pas le risque, il y a des gens terrorisés par les chiens, on les attache.»[2] Les témoignages abondent sur les accidents impliquant des chiens réputés «gentils» : «Ce qui me fait capoter, c’est le nombre d’histoires de personnes qui se sont fait mordre et sauter dessus par des chiens qui, généralement, étaient gentils.»[6] Même les propriétaires les plus confiants ne sont pas à l’abri d’un incident imprévu, comme le rappelle la loi 128 qui impose une laisse de 1,85 mètre maximum et, pour les chiens de plus de 20 kg, l’usage d’un harnais ou d’un licou[1][2][3][4].
Dans les parcs, la tension est palpable : «Les chiens devraient pouvoir accéder aux parcs, mais leurs maîtres doivent être attentifs.» Les familles dénoncent le manque d’espaces sans laisse et rappellent que «les parcs pour enfants ne sont pas des zones pour chiens. Le manque d’espaces sans laisse n’excuse pas le non-respect des règles.» Le vivre-ensemble exige «un peu de compassion des deux côtés», mais la multiplication des incidents alimente la méfiance et la polarisation.
La viralité de la vidéo d’Aurèle illustre la puissance des réseaux sociaux à amplifier les débats publics, mais aussi à exposer les individus à la vindicte populaire. Aurèle elle-même ironise sur sa nouvelle notoriété : «Se présentant avec humour comme étant « la nouvelle Karen du Québec », Aurèle explique dans sa seconde vidéo: « Si je me fie sur TikTok, je suis dans le tort parce que je cours sur une piste cyclable et les personnes que j’ai croisées étaient en train de marcher, donc c’est à moi la faute. »»[4]
Les réactions sont tranchées : certains saluent son courage («Aurèle peut déplaire à certains propriétaires de chien, bravo à elle»), d’autres la critiquent pour son ton jugé agressif ou pour avoir rappelé la loi. Cette polarisation, exacerbée par la viralité, soulève la question de l’impact psychologique et social de l’exposition médiatique sur les personnes concernées. L’étiquette de «Karen» devient un stigmate, réduisant la complexité du débat à une caricature et risquant d’inhiber la parole citoyenne.
Face à la recrudescence des incidents et à la montée des tensions, les autorités québécoises ont renforcé le cadre légal : amendes de 250 $ à 20 000 $ en cas d’infraction, obligation d’enregistrement et de port de médaille[2][4][5]. Les municipalités peuvent même adopter des règles plus strictes selon les besoins locaux[2][4].
À l’avenir, la multiplication des espaces dédiés aux chiens, la sensibilisation à la sécurité et la médiation sociale apparaissent comme des pistes incontournables pour apaiser les tensions. Le débat pourrait évoluer vers une responsabilisation accrue des propriétaires, une meilleure information sur les risques et une adaptation des infrastructures urbaines.
Mais la question centrale demeure : comment garantir le respect des règles sans stigmatiser ni polariser les citoyens ? L’exposition médiatique, si elle permet de faire émerger des enjeux, doit s’accompagner d’un dialogue constructif et d’une prise en compte de la diversité des expériences.
Citations marquantes
🗣️ Attribution :« Aucune patience, je trouve ça irrespectueux »
🗣️ Attribution :« On ne prend pas le risque, il y a des gens terrorisés par les chiens, on les attache. »
🗣️ Attribution :« la nouvelle Karen du Québec »
🗣️ Attribution :« Si je me fie sur TikTok, je suis dans le tort parce que je cours sur une piste cyclable et les personnes que j’ai croisées étaient en train de marcher, donc c’est à moi la faute. »
🗣️ Attribution :« C’est la loi! C’est la loi gang! »
🗣️ Attribution :« Ce qui me fait capoter, c’est le nombre d’histoires de personnes qui se sont fait mordre et sauter dessus par des chiens qui, généralement, étaient gentils. »