Depuis quelques jours à Rosemont–La Petite-Patrie, sept nouvelles placettes temporaires ont fleuri un peu partout, suscitant un véritable engouement — et de nombreuses réactions — sur les réseaux sociaux.
Embellies de fresques vibrantes réalisées par Thaïla Khampo en partenariat avec l’organisme MU, ces nouvelles placettes temporaires transforment nos trottoirs en véritables oasis de détente et de poésie urbaine. Bancs colorés, touches de verdure et œuvres d’art intimistes invitent à faire une pause, à échanger un mot ou simplement à souffler un peu dans un quotidien souvent trop bétonné. D’ici quelques semaines, ce seront 24 de ces îlots conviviaux qui ponctueront le quartier, rejoignant les déjà emblématiques Quais Masson et Saint-Zotique convivial.
Pourtant, une fois posées sur le bitume, ces placettes font grincer des dents. Un simple coup d’œil aux réseaux sociaux suffit : des citoyens dépités crient au gâchis. On reproche aux installations d’être plantées aux abords des poubelles, d’ôter des places de stationnement précieuses pour le commerce local, voire d’échouer en plein flot de circulation, là où tout repos paraît illusoire. Bref, là où l’on rêvait de havres de paix, certains y voient surtout des obstacles mal pensés.
Au-delà de l’aspect purement esthétique, c’est un vrai malaise qui se dégage : le sentiment d’être les oubliés d’une administration aux priorités à rebours. Alors qu’on réclame depuis des années la réfection des rues abîmées, l’amélioration des infrastructures souterraines et un réseau de transport collectif fiable, on se voit planter des bancs là où ils gênent plus qu’ils n’apaisent.
Certains y voient même une « guerre aux automobilistes » et un coup dur porté aux commerces de proximité, privés de places de stationnement essentielles. Derrière les critiques, c’est la frustration d’un quotidien marqué par les cônes orange, les détours imprévus et les coûts qui grimpent.
Ces placettes deviennent ainsi le symbole d’une ville en pleine mutation, parfois à marche forcée, sans prendre le temps d’écouter ceux qui l’empruntent chaque jour. Elles cristallisent un dilemme : entre l’envie d’un espace public plus humain et la lassitude d’un vécu urbain trop contraint.
